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La CEPALC réaffirme son engagement en faveur de l’égalité durant la visite de Thomas Piketty

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15 Janvier 2015|Press Release

L’économiste français reconnu a assisté à une rencontre avec les fonctionnaires de l’organisme et des invitaux spéciaux.

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Photo de Thomas Piketty aux côtés de la Secrétaire Exécutive de la CEPALC, Alicia Bárcena
El economista francés Thomas Piketty junto a la Secretaria Ejecutiva de la CEPAL, Alicia Bárcena.
Foto: Carlos Vera/CEPAL

(15 janvier, 2015) La Commission Économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) a reçu aujourd’hui, au siège de Santiago du Chili, la visite de Thomas Piketty. L’occasion pour elle, de réaffirmer les similitudes des travaux menés par cet organisme régional des Nations Unies – qui placent l’égalité au centre – avec ceux de l’économiste français reconnu.

Piketty, Directeur d’Études de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) et Professeur Associé de l’École d’Économie de Paris, a assisté à une réunion déjeuner à laquelle ont participé des fonctionnaires de la CEPALC et des invités spéciaux du monde universitaire et poiltique du Chili. À cette occasion, il a pris connaissance des propositions sur l’égalité développées par la Commission au cours de ces dernières années.

“Nous croyons que votre présence à la CEPALC ouvre un espace de collaboration très importante pour que vous puissiez connaître, de première main, nos réflexions les plus récentes sur l’inégalité en Amérique latine et dans les Caraïbes, fondées sur l’étude interdisciplinaire du développement économique et social, sur la base d’une vision structuraliste”, a signalé Alicia Bárcena, Secrétaire Exécutive de la Commission, en lui souhaitant la bienvenue.

Bárcena a souligné que les travaux historiques et actuels de la CEPALC montraient une grande similitude et portaient le même regard que ceux que Piketty réalisait. Elle a expliqué que depuis presque une décennie, l’institution a développé ce qui est connu comme “la trilogie de l’égalité”, qui correspond aux publications résumant les principales idées présentées par l’organisme aux pays de la région entre 2010 y 2014, sur le sujet.

Dans le premier de ces documents, L’Heure de l’égalité – combler les écarts, ouvrir de nouveaux chemins (2010), la CEPALC a affirmé la nécessité de placer l’égalité comme principe éthique normatif et ultime objectif du développement, et a souligné la nécessité de l’égalité pour croître et de croître pour l’égalité.

Dans le second, Changement structurel pour l’égalité: Une vision intégrée du développement (2012), la Commission a proposé à la région de transformer sa structure productive, priorisant les secteurs intensifs en connaissance, de croissance rapide de la demande interne et externe et moins polluants, de manière à créer plus d’emplois et de meilleure qualité permettant de croître dans l’égalité et le respect de l’environnement.

Enfin, la troisième partie de la trilogie correspond à l’ouvrage Pactes pour l’égalité: vers un avenir durable (2014), dans lequel il est exposé que pour garantir les réussites sociales acquises ces dernières années et éviter une nouvelle période de restrictions et de pénuries, il faut promouvoir, à travers un ensemble rénové de réformes institutionnelles et de politiques, une nouvelle voie de croissance durable avec de croissants degrés d’égalité.

Bárcena a avancé qu’en 2016 la CEPALC présentera au Mexique sa quatrième proposition qui se centrera sur le territoire, l’égalité et la citoyenneté.

Lors de son intervention, Piketty a remercié l’invitation de la CEPALC et a commenté qu’une plus grande coopération entre son équipe de chercheurs et cet organisme des Nations Unies était nécessaire pour améliorer leur capacité conjointe à mesurer et à suivre l’évolution des inégalités en Amérique latine.

”Vous constituez le lieu parfait pour promouvoir ce genre d’études”, a indiqué Piketty. “Je crois qu’il est très important de changer le discours dominant, surtout en ce qui concerne la collecte d’information, et je pense qu’une organisation comme la CEPALC peut jouer un grand rôle dans cette direction”, a-t-il ajouté.

La Secrétaire Exécutive de la CEPALC a rappelé que si la région Amérique latine et Caraïbes n’est pas la plus pauvre du monde, elle reste la plus inégalitaire. Elle a ajouté que l’expérience des modèles néolibéraux appliqués dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix a permis d’atteindre des taux de croissance élevés et soutenus, mais a creusé en même temps les inégalités et a aggravé la dégradation de la répartition des revenus.

Ces inégalités se caractérisent par le fait qu’en moyenne, 10% des ménages les plus riches de la région concentrent 32% du total des revenus, alors qu’à l’autre extrême, 40% des ménages les plus pauvres perçoivent en moyenne seulement 16% du total des revenus. “C’est pour cela qu’un des grands défis à relever est la mise en oeuvre de politiques publiques de répartition du revenu et le renforcement de l’État et sa légitimation aux yeux des citoyens”, a indiqué Alicia Bárcena

Bárcena a détaillé de la même manière les connections entre les travaux de la CEPALC et ceux de Piketty, spécialement sur le plan méthodologique et en matière de politique fiscale. Elle a expliqué que les pays en développement ont réalisé d’importants efforts pour quantifier les inégalités en termes de richesse à partir de registres fiscaux ou d’enquêtes spéciales, mais que la collecte d’information est rare et reste une tâche à réaliser.

Finalement, en matière fiscale, Bárcena a souligné que les mesures effectuées par la CEPALC indiquent l’existence d’un problème structurel au sein des régimes fiscaux des pays d’Amérique latine à cause de la faiblesse de l’impôt sur le revenu, en tant qu’instrument efficace de recouvrement progressif. Bien que dans différents pays des réformes ont été réalisées pour améliorer le recouvrement, leur incidence sur les indicateurs d’inégalité reste limitée, a-t-elle précisé.